Les églises du Moyen Âge dans le Lot
Du roman au gothique
Cathédrale de Cahors, cloître de Carennac, tympan de Marcilhac-sur-Célé, abbatiale de Souillac, sanctuaires de Rocamadour, …, autant de hauts lieux culturels et touristiques. Mais, ce sont que des arbres cachant une véritable forêt ! Le Lot est un formidable conservatoire de l’architecture du Moyen Age. Jusque dans le plus petit village, on y croise maisons en pierre, donjons et châteaux, moulins ou ponts, et bien sûr des églises romanes et gothiques par centaines.
Environ 400 édifices ont été dénombrés à ce jour dans le Lot, la carte ci-dessous en localise la majorité illustrant l'abondance des églises médiévales du Quercy.
Environ 400 édifices ont été dénombrés à ce jour dans le Lot, la carte ci-dessous en localise la majorité illustrant l'abondance des églises médiévales du Quercy.
De rares vestiges préromans
Faute peut être d’investigations archéologiques, on ne connaît en Quercy aucune basilique paléochrétienne ni d’oratoire carolingien.
Dans le Lot, l'époque préromane (9e et 10e siècle environ) se caractérise en général par de petites églises rurales exemptes de tout décor sculpté. Elles peuvent se distinguer par un plan simple, des matérieaux bruts sommairement mis en oeuvre et surtout l'absence de chaînage remplacé par des angles arrondis. Brengues, Ginouillac (Espédaillac), Viazac, ces églises appartiennent à une famille d’une trentaine d’édifices aux angles arrondis répartis entre le Lot, le Tarn-et-Garonne et l’Aveyron, technique que l’on retrouve aussi dans l’architecture civile (maison tour du castrum de Pestilhac à Montcabrier, Lot). Mais, bien évidemment, on ignore aussi le nombre d’édifices religieux en matériaux périssables, en bois, dont seules des fouilles archéologiques permettraient de révéler l’existence.
Une intense production romane
Dans le Lot, l'utilisation du style romain est en décalage avec le reste de la France, puisqu'on dénombre des édifices stylistiquement romans encore érigés jusqu’au milieu du 13e siècle. Résumer en quelques lignes l’architecture romane, à laquelle plus de 200 édifices lotois peuvent être rattachés, est une gageure, tant les approches peuvent être multiples. On retiendra d'abord la maîtrise des matériaux et des techniques constructives, une complexification des formes, l’adoption des voûtements maçonnés et une diversification des modèles.
Accéder à la notice d'inventaire
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L’âge gothique
Suite au rattachement du Quercy au domaine royal en 1270, le style français peut alors se diffuser plus rapidement dans l'architecture religieuse et civile. L’art gothique se manifeste dès 1250 avec la reconstruction du transept de Figeac et du chœur de la cathédrale de Cahors. Cette dernière reçoit ensuite un exceptionnel décor de peintures monumentales à la fin du 13e ou au début du 14e siècle, aussi bien à l’extérieur (vestiges de figures nimbées sur le portail ouest) qu’à l’intérieur (chœur, coupoles et revers de la façade occidentale).
Les fondations cisterciennes, venues s’implanter dans les campagnes pour combattre l’hérésie albigeoise, adoptent le style gothique comme à L’Abbaye-Nouvelle (1242) ou L’Hôpital-Beaulieu (Issendolus) rattaché aux hospitaliers en 1259. C’est aussi le cas des couvents de mendiants installés dans les faubourgs des villes de Cahors, Figeac, Montcuq, Martel, … Ainsi, à Gourdon, le gothique méridional caractérise aussi bien l’église du couvent des Cordeliers (1287) que l’église paroissiale (1304) : elles se distinguent toutes deux par un chevet polygonal épaulé de contreforts saillants, et un chœur voûté dans le strict prolongement d’une nef à vaisseau unique.
Après la grande peste (1347-1349) et la guerre de Cent ans (1337-1453), la reconstruction ou la rénovation des édifices du culte fait la part belle au gothique flamboyant jusque vers le milieu du 16e siècle. Avec ses galeries couvertes de voûtes à liernes et clefs pendantes multiples, le cloître de Cahors en est l’exemple certainement le plus abouti, érigé entre 1493 et 1553.
La fin du 15e et le début du 16e siècle voient aussi le retour en force des seigneurs laïcs qui manifestent dans la pierre leur puissance et richesse : ils enrichissent les églises de clefs ou culots portant leurs armoiries, y font peindre des litres funéraires lors de leur décès, ou construisent ex-nihilo des chapelles seigneuriales flanquant les nefs, ornées de roses du Quercy et bâtons écotés, motifs caractéristiques des années 1480-1520.
Fixer un terme au Moyen Age est difficile, les modes constructives pouvant perdurer sur plusieurs générations, notamment en milieu rural. A Assier, le mausolée érigé entre 1540 et 1550 par Galiot de Genouillac appartient incontestablement à la Renaissance, déployant une frise sculptée inspirée de l’Antiquité romaine. Mais, à Puybrun, entre-autres, seule la présence d’une datée gravée sur une clef (1620) permet de dater du 17e siècle un ensemble de voûtes avec nervures à double cavet qui auraient très bien pu passer pour être du 15e siècle.
Textes issus de Bru Nicolas (dir.), Archives de pierre. Les églises du Moyen Age dans le Lot, Milan, Silvana Editoriale, 2011, 320 p.