Patrimoines
La restauration du château de Larnagol
Retour sur plus de 10 ans de travaux
Après 13 ans de restauration, le château de Larnagol, qui renferme les secrets de plus de 800 ans d’histoire, est enfin prêt à se dévoiler au public. Retour avec ses propriétaires sur ce fabuleux projet de restauration, mené par un couple de passionnés tombés sous le charme de ce château.
Vue depuis l'est.
La genèse du projet
En 2011, Michèle et Bruno PIERRON acquièrent le château de Larnagol. Perché sur son éperon rocheux, il domine le cours du Lot et le village.
Le château de Larnagol un édifice complexe qui s'est développé au Moyen-Age à partir d'un donjon, puis a été régulièrement remanié jusqu'au au 18e siècle où une grande campagne de reconstruction lui confère son aspect actuel. C’est cette longue histoire qui lui vaut son inscription au titre des monuments historiques.
En savoir plus sur l'histoire du lieu
Michèle PIERRON nous raconte :
" Nous vivions à Paris depuis toujours pour l’un et depuis 45 ans pour l’autre. A l’approche de la retraite nous cherchions une demeure de caractère ancienne à l’authenticité préservée.
Nous avons été séduits par le site, la nature préservée de la vallée, la beauté des jardins et leur potentiel, le contraste entre l’austérité extérieure de la maison et un certain raffinement des décors intérieurs toujours présents même s’ils avaient beaucoup souffert. La dimension de la maison bien supérieure à notre projet et son état nous préoccupaient. Nous avons longuement réfléchi et consulté pendant plus d’un an. Nous avons rencontré les représentants des institutions locales pour obtenir des avis sur la faisabilité de la restauration.
Au départ, nous n’avions pas de projet précis d’exploitation. Le projet est né de notre rencontre avec le château. Rapidement, le projet d’ouverture, synonyme de rencontres et d’échanges avec des visiteurs curieux ou passionnés de patrimoine et d’art s’est naturellement imposé à nous. En revanche, l’accueil en chambres d’hôtes a découlé de la dimension de la maison bien trop grande pour nous seuls et laissant présager une lourde charge d’entretien. "
" Nous vivions à Paris depuis toujours pour l’un et depuis 45 ans pour l’autre. A l’approche de la retraite nous cherchions une demeure de caractère ancienne à l’authenticité préservée.
Nous avons été séduits par le site, la nature préservée de la vallée, la beauté des jardins et leur potentiel, le contraste entre l’austérité extérieure de la maison et un certain raffinement des décors intérieurs toujours présents même s’ils avaient beaucoup souffert. La dimension de la maison bien supérieure à notre projet et son état nous préoccupaient. Nous avons longuement réfléchi et consulté pendant plus d’un an. Nous avons rencontré les représentants des institutions locales pour obtenir des avis sur la faisabilité de la restauration.
Au départ, nous n’avions pas de projet précis d’exploitation. Le projet est né de notre rencontre avec le château. Rapidement, le projet d’ouverture, synonyme de rencontres et d’échanges avec des visiteurs curieux ou passionnés de patrimoine et d’art s’est naturellement imposé à nous. En revanche, l’accueil en chambres d’hôtes a découlé de la dimension de la maison bien trop grande pour nous seuls et laissant présager une lourde charge d’entretien. "
A l'arrière plan, le château inférieur vu depuis le sud.
Un château "d'une fragilité extrême"
A l’arrivée de Michèle et Bruno le château était dans un état critique. Beaucoup de travaux étaient nécessaires afin de rendre le château habitable et pour retrouver la splendeur de l’édifice et de ses jardins.
" Quand nous avons visité le château, l’état ne paraissait pas catastrophique" nous indique Michèle, "mais très vite il nous est clairement apparu que tout était d’une fragilité extrême. Dans les combles de nombreuses bassines récupéraient les eaux de pluie, au rez-de-chaussée les boiseries avaient subi des attaques de termites, les parquets cédaient ponctuellement sous les pas, les enduits chaux partaient par plaque à la moindre sollicitation, la toiture des écuries était sur le point de s’effondrer …
La demeure était restée fermée et sans entretien plus de 30 ans !"
Une restauration complète
Des travaux de gros œuvre importants
Depuis l'acquisition du château de Larnagol en 2011, un vaste, ambitieux et ininterrompu programme de travaux a été réalisé.
Pour Michèle "la reprise de toutes les toitures et le changement des menuiseries ont été la priorité pour mettre le château hors d’eau. " Les toitures, charpentes et l’ensemble des menuiseries du château ont donc été restaurés.
"Nous avons ensuite décidé, après les démolitions nécessaires, de prévoir en priorité les réseaux principaux d’électricité et de fluide afin de pouvoir relier les installations respectives de chaque pièce à un réseau central." Afin de rendre le château habitable les propriétaires ont procédé à la réfection complète des réseaux électriques et plomberie, à la réalisation d’un réseau de chauffage central alimenté par une double chaudière à granulés, ainsi qu’à la création de salles de bain et à l’installation des éléments de confort indispensables dans un contexte bâti difficile.
"Le premier été, nous avons campé dans le château. Mais dès que les travaux ont commencé, ce n’était plus possible. Nous avons dû attendre deux ans avant de disposer d’un coin cuisine et d’une chambre habitable dans un vaste chantier. Enfin, depuis trois ans le chauffage est installé et nous habitons à plein temps le château."
© Michèle CONTE PIERRON
Fournier Claire, 2013, © Inventaire général Région Occitanie
Aucune légende
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Second œuvre : la restauration des décors 18e
Les décors intérieurs (gypseries, parquets marquetés, boiseries, toiles peintes, etc) ont fait l’objet d’une grande attention. L’ornementation intérieure du château de Larnagol est en effet remarquable et méritait une attention toute particulière.
Au 18e siècle, gypseries, parquets marquetés, boiseries font leur apparition au château de Larnagol suite à une commande de la famille de Laporte qui ne lésine pas sur les moyens afin de remettre l’édifice au goût de l’époque.
La grande salle à manger du rez-de-chaussée reçoit un décor de gypseries composées de palmettes, bouquets, trophées de chasse et putti offrant les aliments qui pouvaient être consommés dans cette salle : poissons, pâtisseries, fruits et vins. Ces thèmes profanes sont associés aux sujets mythologiques développés sur huit grandes toiles tendues dans des cadres de stuc : Diane changeant Iphigénie en biche, Méléagre partant à la chasse du sanglier de Calydon, Jupiter élevé par les Curètes et nourri par la chèvre Amalthée, Pénélope au retour d’Ulysse ...
Dans le salon, l’ornementation de gypseries de style Louis XV est complétée par un exceptionnel parquet "Versailles" à neuf motifs organisés autour d’un compartiment central orné d’une rosace dont rayonnent divers motifs.
L’appartement du premier étage est composé d’une antichambre avec lambris architecturé de style Louis XIV, d’une chambre ornée de boiseries et de gypseries de style Régence, d’une arrière chambre et d’une salle de bains créée dans la tour.
Hélène Penin 2016 © Conseil départemental du Lot
Guillaume Bernard 2022 © Inventaire général Région Occitanie © Conseil départemental du Lot
Guillaume Bernard 2022 © Inventaire général Région Occitanie © Conseil départemental du Lot
Guillaume Bernard 2022 © Inventaire général Région Occitanie © Conseil départemental du Lot
Guillaume Bernard 2022 © Inventaire général Région Occitanie © Conseil départemental du Lot
Guillaume Bernard 2022 © Inventaire général Région Occitanie © Conseil départemental du Lot
© Michèle CONTE PIERRON
Grande salle à manger du rez-de-chaussée.
De belles découvertes pendant le chantier
On sait que dès le 14e siècle les murs du château de Larnagol sont décorés de peintures. A l’occasion des travaux de très nombreux enduits peints ont été découverts, ainsi qu’une scène médiévale exceptionnelle.
Un personnage hybride tenant une épée à la main apparaît au sein d’un décor géométrique. Il fait écho au centaure peint dans l’écoinçon de la fenêtre et découvert en 2001. Le style de cette peinture ainsi que l’armement représenté « permettent de dater ce décor assez précisément dans les années 1320-1330, en faisant un exemple unique dans le Quercy » selon Térence Le Deschault de Monredon, spécialiste du décor peint de l’habitat médiéval qui a étudié cette peinture. Une personnalité importante devait être à l’origine de la commande de cette œuvre de grande qualité.
Aujourd'hui une partie de ces peintures du Moyen Age sont visibles, le reste des fragments de décors est bien conservés sous les revêtements muraux.
©MalikaTurin
© Térence Le Deschault de Monredon
© Térence Le Deschault de Monredon
A l’origine, Bruno et Michèle Pierron avaient pour ambition de restaurer l’édifice et lui « redonner vie ». L’objectif était également de « ré-enchanter le lieu pour le partager avec d’autres amoureux du patrimoine ». C’est aujourd’hui pari tenu puisque le couple propose des visites, accueille en chambres d’hôtes et offre la possibilité d’organiser des évènements privés.
Plus de renseignements sur leur site : https://chateaudelarnagol.fr/
Mais de nombreux projets sont encore à venir pour faire vivre le château : " Un projet nous tient à cœur : l’aménagement des anciennes écuries pour y accueillir des activités culturelles et festives. Hélas, nous avons épuisé notre budget et nous n’avons pas encore trouvé de solution de financement. Nous espérons pouvoir compter sur les avantages de la fiscalité du mécénat qui permet au donateur de défiscaliser les deux tiers de leur don. Nous envisageons aussi de créer une association des amis du Château de LARNAGOL pour nous aider dans ce projet et participer à l’élaboration et l’animation d’un projet culturel. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. "
Visiter ce château
Elsa Labbé-Lavigne, 2025, d'après l'étude de Valérie Rousset de 2005 et avec l'aimable participation de Michèle Conte Pierron.