Patrimoine
L'architecture rurale du Lot
Le Département du Lot a la chance d'abriter un patrimoine vernaculaire et un bâti rural agricole d'une qualité, d'une variété et d'une abondance rare, constituant le terreau culturel et identitaire du territoire.
Grange-étable à Laprade, datée du 15e siècle (Prudhomat).
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Une connaissance renouvelée grâce à l'Inventaire du patrimoine
Cette richesse qui semble inépuisable est malgré tout exposée à une érosion rapide, unanimement constatée par les acteurs institutionnels dont le Département du Lot, qui conduit l'inventaire de ce patrimoine rural depuis plus de 10 ans.
La préservation et la valorisation des bâtiments les plus fragiles et les plus remarquables permet d'apporter une reconnaissance de ce pan plus populaire de la culture bâtie, indissociable et complémentaire de la "grande" architecture monumentale.
Ferme construite à partir du 18e siècle à Mezayrac (Sousceyrac-en-Quercy, ex-Comiac).
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À cette fin, le Département du Lot a décidé de réaliser entre 2019 et 2020 une étude permettant d’établir un état des connaissances du patrimoine rural avec le soutien de la Région Occitanie et en collaboration avec la DRAC Occitanie (Direction régionale des affaires culturelles), l'UDAP du Lot (Unité départementale d'architecture et du patrimoine) et le CAUE du Lot (Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement).
Grâce aux actuelles et précédentes études d'inventaire, aux milliers de photographies du 20e siècle et aux travaux d’associations spécialisées et historiens locaux, il a été possible de dessiner un portrait de l'architecture rurale du Lot depuis le Moyen Âge.
La nouveauté de cette étude est la prise en compte de toutes les époques. Cela permet d'isoler les nombreuses évolutions et particularismes locaux du 19e siècle : L'imaginaire de la ferme traditionnelle ou "typique" quercynoise est une invention de la seconde moitié du 20e siècle qui a essentiellement observé les constructions du 19e siècle. Il y a donc tout un mythe à déconstruire.
Maison en hauteur remontant au 17e siècle à Sauvagnac (commune de Cavagnac).
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Maison en hauteur (ou sur cave) : typique du Lot ?
La maison en hauteur sur parties utilitaires correspond au modèle bien connu des logis en hauteur réunissant à la fois la production, les techniques de production et le logement. Ce modèle est considéré comme l'archétype de la maison paysanne du Quercy. Pourtant, ce type d'habitat ne représentait que la moitié du paysage bâti au milieu du 19e siècle. En effet, en 1862, il est attesté que sur 70 186 maisons rurales recensées, 34 447 ne comportaient qu'un rez-de-chaussée. D'après les observations, les logis en rez-de-chaussée semblent plus nombreux sur les causses (Gramat, Martel et Limogne). Cette dominante peut être liée à une particularité des bâtis des causses ou bien à une meilleure conservation de cet habitat dans ces zones.
Maison en hauteur remontant au 15e siècle à Linars (commune de Concorès).
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La maison vigneronne ?
La maison en hauteur est régulièrement assimilée à une maison vigneronne ou maison de vigneron. Bien que le premier niveau de la maison en hauteur puisse servir de cave, cette utilisation ne peut qualifier une forme architecturale.
Depuis son repeuplement à partir du milieu du 15e siècle, le Quercy est un territoire dominé très largement par des exploitations agro-pastorales aux cultures très diversifiées. Chaque ferme possédait quelques vignes, mais son activité n'était pas tournée exclusivement vers la viti-viniculture.
Une spécialisation vers la production viticole apparaît dans le Lot à partir de la première moitié du 19e siècle et plus particulièrement entre 1850 et 1890, avant la crise du phylloxéra. C'est à partir de cette époque, de la seconde moitié du 19e siècle ou du début du 20e siècle, qu'apparaissent des dépendances agricoles qui seront appelées "maisons de vigne".
Grange à Saint-Caprais (canton de Puy-l'Evêque), le pignon conserve les traces de l'ancienne toiture à fortes pentes.
Toit à fortes pentes ou faibles pentes ?
La toiture à fortes pentes était le modèle dominant dans tout le département jusqu'au début du 19e siècle. À partir du 19e siècle, les faibles pentes se développent dans tout le sud du Lot et dans le sud du Ségala (autour de Prendeignes). Ce changement de forme dans ces zones serait lié en partie à la diffusion de la tuile creuse qui nécessite de faibles pentes. Bien qu'aujourd'hui, le sud du Lot soit marqué par les toitures à faibles pentes, de nombreuses fortes pentes subsistent jusque dans la seconde moitié du 20e siècle. De plus, les traces de ce changement sont parfois visibles sur les pignons des constructions.
La tuile creuse couvre majoritairement les toits à faibles pentes et les appentis. Présente dès l'antiquité en milieu urbain, la tuile creuse semble moins utilisée pour les fermes avant le 19e siècle d’après la documentation. Cependant, ce type de couverture était bien présent. Par exemple, l'étude de la grange de Laprade à Prudhomat indique que ce bâti du 15e siècle était auparavant couvert de tuiles creuses. Cette ancienne toiture à faibles pentes est remplacée au 19e siècle par des fortes pentes couvertes de tuiles plates.
Maison-bloc construite en 1854 au Fouillac (commune de Cuzance).
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La maison-bloc : archaïsme ?
Dans le Lot, les fermes structurées en "maison-bloc" semblent avoir été bâties entre la fin du 18e siècle et le début du 20e siècle. Ce type de ferme regroupe la grange-étable et l'habitation au sein d'un même bâtiment lors d'une même phase de construction.
Contrairement aux idées reçues, la proximité entre les hommes et les bêtes n’est pas une disposition archaïque, mais elle témoigne de la multiplication des petites exploitations agricoles au 19e siècle.
Maison en hauteur dotée d'un perron en bois à Anglars-Juillac (canton de Puy-l'Evêque).
Bolet en bois ou en pierre ?
Appelé bolet ou perron, ces escaliers permettaient l'accès à l'étage d'habitation des maisons en hauteur.
Hormis le Figeacois et le Ségala, les dispositifs d’accès en bois, de type balcon et galerie, semblent désormais rares dans les campagnes lotoises. Pourtant leur existence est attestée sur l'ensemble du territoire. Ces structures en bois sont devenues une caractéristique du Figeacois et du sud du Ségala grâce à une volonté de conservation alors que dans le reste du département, la tendance a été à leurs remplacements par des perrons maçonnés.
L'état de conservation du patrimoine rural
L'érosion du patrimoine rural a pu être constatée dans tout le département mais avant tout dans les zones plus fortement peuplées comme la vallée du Lot.
Certaines typologies d’habitat sont très impactées car ne semblent plus adaptées au mode de vie actuel. La documentation dont les photographies anciennes attestent d'une homogénéité sur l'ensemble du département. Elles alertent également sur la disparition ou les transformations profondes du patrimoine rural des années 1950 à nos jours.
Sont notamment en grand danger :
- les maisons en rez-de-chaussée
- les logis doubles ou triples (plusieurs logis créés dans une phase de construction)
- les granges absidiales (extrémité semi-circulaire)
État de conservation des dispositifs architecturaux
Les remarques sur l'érosion des typologies sont également valables pour les dispositifs architecturaux tels que les accès extérieurs, équipements domestiques et aménagements intérieurs, couvertures, charpentes, et formes de toitures.
Un patrimoine étudié et disponible en ligne
Retrouvez une sélection d'ensembles ruraux remarquables du Moyen Âge au début du 20e siècle via la carte ci-dessous.
Une architecture rurale, reconnue et protégée Monuments historiques
L'étude conduite par le Département permet aujourd'hui d'évaluer le caractère remarquable des ensembles ruraux du Lot du Moyen Age au début du 20e siècle de manière objective. Ce travail a servi de base aux services de l'État pour faire protéger des spécimens remarquables du patrimoine rural du Lot au titre des Monuments historiques.
Récemment, ont été inscrits au titre des Monuments historiques :
- une ferme à Pissebas (commune de Gramat)
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- une ferme à Alayrangues (commune de Sousceyrac-en-Quercy, ex-Comiac)
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- une maison rurale dite Maison Marot, à Pratoucy (commune de Sénaillac-Latronquière)
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- une maison rurale dite Maison du Garric Blanc à Valdié (commune de Pontcirq).
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Bien que le nombre des protections semble anecdotique, ces inscriptions au titre des Monuments historiques reconnaissent la méthode d'évaluation des bâtiments remarquables mise au point par le Département du Lot, mais surtout un grand intérêt pour le patrimoine rural du Lot trop souvent délaissé en comparaison des édifices monumentaux (églises, châteaux, etc.).
Le Département : un acteur historique
Soucieux de son patrimoine, le Département du Lot apporte son soutien technique, administratif et financier à la restauration du patrimoine depuis plus de 50 ans. Concernant l’architecture rurale, l’action du Département s’oriente à la fois vers des édifices protégés ou non protégés, et vers du petit patrimoine local constitué des pigeonniers, four à pain, caselles, etc.
L'intérêt de Département du Lot pour le patrimoine rural s'inscrit également dans la production de connaissance via l'inventaire du patrimoine et sa valorisation à travers des articles, visites, conférences, expositions et publications.
Retrouvez une vidéo de la restauration de la charpente à courbes de la grange-étable de Saint-Michel-de-Cours grâce à l'appui du Département du Lot en 2017.