Musées
L'atelier-musée Jean-Lurçat
Jean Lurçat un artiste, un poète
Homme de conviction et d'engagement, Jean Lurçat fut reconnu comme le grand artisan de la renaissance de la tapisserie au 20e siècle. Convaincu que c'est l'utilisation de la tapisserie en tant que copie d'un tableau qui a provoqué son déclin, il comprit très tôt la nécessité de faire exister une tapisserie par elle-même, pour ses "vertus, ses méthodes, ses échelles".
Il défendra ainsi dans le monde entier son credo que la tapisserie est un art en soi, qui ne peut obéir qu'à des règles qui lui sont propres. Tirant les leçons du passé, il rénova l'art de la tapisserie en renouant avec les traditions perdues.
Le choc décisif en fut La tenture de l'Apocalypse qu'il découvrit à Angers en 1937. Tissée au 14e siècle, cette tapisserie, chef d'œuvre de lyrisme et de monumentalité, le conforta dans ses recherches : composition savamment orchestrée mais grande liberté d'imagination et de traitement des formes, palette de couleurs simple mettant en valeur le rythme de la construction, tout ce qu'il pressentait était devant ses yeux. La voie du renouveau était ouverte.
Monumentalité et sens du décoratif retrouvés, réduction de la gamme chromatique avec la technique des tons comptés qui respecte au plus près le travail de l'artiste en donnant au lissier des indications précises, simplicité des moyens, construction et composition rigoureuse. Sur ces bases Jean Lurçat renouvela l'art de la tapisserie en la plaçant au cœur des recherches artistiques du 20e siècle et en l’enrichissant de son extraordinaire foisonnement créatif et de son idéal humaniste.
Au fil de ses tapisseries, entre spiritualité et lyrisme, symboles et évidences, poésie et réalisme cru, joies et doutes, il tissa un monde réconcilié où l'homme est en harmonie avec l'univers qui l'entoure.
Exposition d'une tapisserie de Jean-Lurçat à l'atelier-musée
La rencontre Jean Lurçat et les Tours Saint-Laurent
Atelier-musée Jean-Lurçat / château de Saint-Laurent-les-Tours
Le premier contact de Jean-Lurçat avec les Tours fut un coup de foudre fut immédiat :
Nom de Dieu ! Je veux crever si un jour ce n'est pas à moi !
Il put réaliser son rêve dès 1945 et apprit plus tard que les appels qu'il lançait lorsqu'il était dans la Résistance, via la radio clandestine Radio Quercy, émanaient d'un poste émetteur situé dans une des tours du château.
En fait, j'ai acheté une carte postale. Mais il s'est trouvé que cette carte postale était magnifiquement organisée pour mon travail de peintre mural, puisque la hauteur moyenne des plafonds est de 6 m. que j'ai une grande salle qui a 15 m de long ; qu'il y en a une autre qui fait 10 m de haut, etc…. En somme, ce que j'avais acheté, c'était un outillage.
Détails de l'atelier-musée Jean-Lurçat
Son talent, son imagination, sa fantaisie éclatent dans toute la maison, chaque pièce, chaque poutre, chaque pierre garde encore trace de la main de l'artiste : carreaux de céramique, portes peintes, solives sur lesquelles telles des notes de musique courent des sarabandes de motifs colorés, tout lui est support de création. Une notation de couleur, un numéro de téléphone, un titre pour un carton en projet, une esquisse, les murs lui servent de carnets et témoignent du bouillonnement d'un esprit toujours en éveil.
Ainsi dans la grande salle, dite Salle des Gardes un pan de mur est recouvert d'une immense plaque de contreplaqué où Jean Lurçat pouvait fixer ses cartons et travailler avec ses assistants en dimension réelle. Des annotations sur le bois, des traces de peinture témoignent de l'activité créatrice de l'artiste.
En 1986, Simone Lurçat, veuve de l'artiste, a confié les lieux au Conseil général du Lot pour qu'il puisse, par la création d'un atelier-musée, continuer à faire vivre l'âme des lieux et l'œuvre de Jean Lurçat.
Accueil de l'atelier-musée Jean-Lurçat
Un musée-atelier : au cœur de la création
Salle des gardes, Atelier-musée Jean-Lurçat
La demeure-atelier propose aux visiteurs un parcours particulièrement émouvant dans la vie et l'œuvre de l'artiste aux multiples visages.
Les collections portent sur la grande période de création de tapisserie qui donna naissance au "Chant du Monde", l’œuvre majeure de Lurçat conçue à Saint-Laurent-Les-Tours, aujourd'hui conservée au Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine à Angers. La confrontation entre les cartons et les tapisseries offre au public un éclairage concret sur la chaîne des talents nécessaires pour aboutir à cette tombée du métier.
Visite à l'atelier-musée Jean-Lurçat
Un autre pan des collections propose de découvrir une facette moins connue de l'artiste, la peinture. Sa production picturale a été en effet quelque peu éclipsée par son œuvre tissée. Reconnu à l'époque comme l'un des plus talentueux de l'Ecole de Paris aux côtés de Modigliani, Soutine, Chagall…, Jean Lurçat s'il est proche dans ses toiles, des préoccupations de l'époque (arrière-plans décoratifs, perspectives cassées, goût pour les couleurs franches en aplat, déstructuration cubiste des formes) fait preuve d'une grande originalité dans le traitement des thèmes et de la matière. De 1923 à 1927, de nombreux voyages en Espagne, en Afrique du Nord, en Grèce et en Asie Mineure ont permis à Jean Lurçat de s'imprégner de ces espaces étranges, mythiques, souvent dénudés. Dès lors, naîtra sous son pinceau une peinture métaphysique, très liée aux courants cubiste, surréaliste et à l’atmosphère d’étrange mélancolie qui plane sur l’art des années 30. Mais il se souviendra aussi de la couleur, de la richesse des vêtements et ses portraits témoignent déjà de son goût pour la verticalité et les motifs décoratifs.
Esprit bouillonnant et curieux, Jean Lurçat a aussi exploré de nombreux autres champs artistiques : gravure, céramique, illustration de livres, papiers peints, costumes de scène, lithographie, mosaïque, bijoux, écriture dont certains exemples sont présentés à l'atelier-musée.
Salle à manger, atelier-musée Jean-Lurçat
Rooryck Isabelle, 2010. Mise à jour Alexandra Duchêne et Elsa Labbé-Lavigne, octobre 2025.