Patrimoines
Le moulin de Vergnoulet :
dernier producteur de farine sur l’Alzou
A Mayrinhac-Lentour, le moulin hydraulique de Vergnoulet produit de la farine au moins depuis le 18ème siècle. Il s’agit du dernier encore en activité sur l’Alzou. La famille Thamié, propriétaire du moulin de Vergnoulet, ne compte pas moins de huit générations de meuniers. Le témoignage rare d’un patrimoine encore bien vivant.
Moulin de Vergnoulet, sur la commune de Mayrinhac-Lentour.
Un moulin vieux de près de 300 ans
Les premiers écrits concernant le moulin de Vergnoulet datent du 17 juin 1752, lorsqu’un certain Nicolas de Lagarde le vend à Jean Syriex, habitant de Mayrinhac-Lentour et avocat au Parlement.
Le moulin aurait ensuite appartenu à Jean-Pierre Destic au milieu du 19e siècle, avant que ce dernier le lègue à son fils qui lui-même le vend à Jean-Pierre Bouzou en 1885.
Il passe ensuite entre les mains de huit générations de la famille Thamié, aujourd’hui encore propriétaire des lieux.
Agrandissements du 20e siècle du Moulin de Vergnoulet.
De la modernisation au retour du savoir-faire traditionnel
En 1930, le moulin est agrandi afin d’accueillir une minoterie, soit un établissement industriel pour la transformation des grains en farine afin de compléter sa production. Suite à cet agrandissement, le moulin de Vergnoulet s’équipe en 1932 des mécanismes de minoterie moderne, installés à côtés des meules existantes.
Cependant, en 1995, la famille Thamié achète un nouveau moulin à Marcilhac-sur-Célé et décide d’y transférer sa production minotière. En 1996, le moulin de Vergnoulet retrouve donc une unique production de farine de meules. L’objectif des propriétaires est avant tout de garder un témoignage de ce savoir-faire.
Le fonctionnement du moulin de Vergnoulet
Le moulin de Vergnoulet comporte aujourd’hui deux paires de meules actionnées par la force de l’eau, et une dernière actionnée occasionnellement par un moteur électrique. Le moulin tourne réellement de septembre à mai, quand la pluie est suffisante pour alimenter le cours d’eau et il produit moins qu’une minoterie moderne. En effet, une paire de meules peut produire environ 80 kg de blé à l’heure tandis qu’en minoterie moderne, la production est d’une tonne à l’heure. De plus, toutes les 2 h 30 environ, il est nécessaire d’arrêter la mouture afin que les pierres refroidissent, créant donc des moments de pause dans la production. La troisième paire de meules entraînée par un moteur électrique prend le relais sur les périodes où il n’y a pas assez d’eau sur l’Alzou ou lors des moments de rhabillage. Cependant, cela ne suffit pas pour atteindre des rendements plus importants.
Deux paires de meules traditionnelles
La farine est moulue par deux paires de meules en silex, et rejoint directement les sacs grâce à un empochoir. Ces sacs sont ensuite placés sur une ensacheuse qui les pèse avant qu’ils ne soient cousus avec une machine à coudre. Une étape s’ajoute parfois entre la mouture et la mise en sac : le blutage, c’est-à-dire le passage au tamis. Le moulin dispose en effet d’une ancienne brosse à son (enveloppe protégeant les céréales), transformée en blutoir et permettant aux meuniers de tamiser la farine. Cependant, le moulin produit majoritairement de la farine complète. On remarque donc qu’au moulin de Vergnoulet, les étapes sont séparées et les machines sont actionnées manuellement car les productions sont petites.
Paire de meules et empochoir
Ancienne brosse à son (blutage)
Farine de blé T55 produite au moulin de Vergnoulet
Aujourd’hui de nombreux moulins ont perdu leur fonction première de mouture, ou ont modernisé le système pour devenir des minoteries modernes. Le moulin de Mayrinhac-Lentour, grâce à la famille Thamié, fait donc figure d’exception.
Mais il ne faut pas s’y tromper : le moulin de Vergnoulet est résolument tourné vers l’avenir. Il est par exemple engagé dans la nouvelle filière de pain 100 % lotois mise en place pour approvisionner les collèges du Département.