Patrimoine
Galiot de Genouillac, la Renaissance à Assier
Appelé le "gentilhomme d'Acier", Galiot de Genouillac appartient aussi bien au Quercy qu'à l'histoire de France. Ce haut personnage est à la fois un homme d'armes d'exception et un diffuseur de l'art de la Renaissance. Marqué de son empreinte, le village d'Assier conserve la mémoire de sa gloire mais également certains des plus beaux joyaux architecturaux de la Renaissance.
Galiot, un personnage méconnu de l'histoire de France
Portrait de Galiot de Genouillac, (entre 1540 et 1546), émail de Léonard Limosin (Musée des Beaux-Arts de Limoges, palais de L'Évêché).
Il est issu de la famille Ricard, de riches marchands installés à Gourdon au 13e siècle. Les Ricard hissent leur statut social, chevalier, jurisconsulte, jusqu'à obtenir la co-seigneurie de Gourdon dont ils associent alors le nom et les armes aux leurs.
La carrière du jeune Galiot est brillante et progressive, il occupe de nombreuses et hautes charges dans l'armée royale et l'administration du pays : capitaine de Najac en Rouergue puis de Puymirol en Agenais, capitaine de Lectoure, viguier de Figeac, sénéchal d'Armagnac, etc. Il participe aux campagnes d'Italie aux côtés de Charles VIII. Il est ensuite nommé maître et capitaine général de l'artillerie de France par Louis XII en 1512.
Haut-relief du tombeau de Galiot, il est représenté devant une couleuvrine, en armure et arborant le collier de l'ordre de Saint-Michel.
C'est au service d'un autre roi, François Ier, que Galiot est auréolé de gloire. En effet, il prend part à la célèbre bataille de Marignan en 1515 où ses talents militaires sont décisifs et permettent la victoire. Le roi le nomme sénéchal du Quercy en 1517 et le fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel dont le collier orne désormais son blason.
En 1520, Il est chargé par le roi de l'installation du camp du Drap d'Or destiné à la rencontre de François Ier et d'Henri VIII, roi d'Angleterre. Il est nommé Grand écuyer de France en 1525, devenant le troisième personnage de l'État après le roi et le connétable. Enfin, il devient gouverneur de Languedoc, l'année de sa mort en 1546 à l'âge respectable de 81 ans.
Représentation fictive (peint 20 ans après) de la rencontre entre François Ier et Henri VIII d’Angleterre en 1520. Gravue de James Basire d'après une huile sur toile de 1545.
Le château d'Assier : chef d'œuvre de la Renaissance
Vue aérienne depuis l'est.
Aile restante du château, élévation ouest.
Sa vie à la cour et ses nombreuses campagnes en Italie ont sans aucun doute façonné Galiot en homme de la Renaissance. Il a largement contribué à diffuser l'art de la Renaissance en France et particulièrement dans le Lot. Sa résidence à Assier en est l'exemple même. De son temps, ce château n'avait rien à envier aux châteaux de la vallée de la Loire.
Galiot de Genouillac fait reconstruire le château d’Assier qu'il tient de sa mère, Catherine du Bosc. Les différentes campagnes de travaux seraient réalisées entre 1520 et 1540. Au départ co-seigneur, il acquiert peu à peu toute la seigneurie.
À la mort de Galiot, le château échoue à sa fille Jeanne, veuve de Charles de Crussol d'Uzès. Les héritiers délaissent peu à peu le château jusqu'à en vendre les matériaux dans la seconde moitié du 18e siècle. Ainsi les trois quarts du château ont disparu, il n'en reste que l'aile ouest. Néanmoins, il se distingue encore aujourd'hui par ses fenêtres, son escalier monumental à deux volées et des médaillons sculptés figurant des personnages mythologiques et historiques.
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"Château d'Assier en 1680", d'après un dessin de la collection Gaignières.
Les quelques vestiges de décors restants attestent de la richesse artistique de ce château au temps de Galiot.
Classé au titre des Monuments historiques en 1901, il est racheté en 1934 par l'État, conscient de son intérêt exceptionnel.
Son mausolée : l'église Saint-Pierre d'Assier
Vue de l'église depuis le nord-ouest.
Détail du portail sculpté de l'église.
L'église Saint-Pierre d'Assier est construite entre 1540 et 1550 par Galiot pour y abriter son futur tombeau. Il entreprend la construction d'un véritable mémorial personnel, exprimant sa gloire à travers des symboles et récits militaires sculptés sur le portail et sur une frise de plus de 100 mètres de long ornant la périphérie extérieure de l'édifice. De grands bas-reliefs racontent des histoires militaires, à l’antique sur la façade, et résolument modernes sur le reste de l’église avec de nombreuses représentations d’artillerie.
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Détail de la frise sculptée représentant une couleuvrine.
Chapelle funéraire de Galiot de Genouillac contenant son tombeau.
La chapelle funéraire, rajoutée peu après la mort de Galiot, offre un sépulcre en marbre tout à son honneur. Au-dessus du gisant en costume d'apparat, un haut-relief représente Galiot armé sur le champ de bataille.
Elle est surtout coiffée d'une voûte où se dessine une étoile à 16 branches, véritable prouesse architecturale.
Considérée comme un des premiers chefs-d'œuvre de la Renaissance dans le Lot, elle est naturellement classée sur la toute première liste des Monuments historiques de 1840.