Restaurer son patrimoine : penser à l'archéologie
Archéologie préventive et restauration du patrimoine
Le Lot est riche en vestiges anciens, et son intérêt archéologique indéniable. Ainsi, l’étude des vestiges d'occupation ancienne enfouis dans le sol lotois constitue un enjeu majeur. Toutefois, l’archéologie ne se résume pas à l’étude des sous-sols. En effet, les édifices patrimoniaux conservent aussi de nombreuses traces du passé que l'archéologie du bâti peut étudier (traces de décor, matériaux utilisés, techniques employées, période de construction, etc.).
La conservation de ces vestiges archéologiques est parfois difficile à concilier avec la restauration du patrimoine. Les restaurateurs doivent effectuer des choix, qui engendrent des destructions, des modifications. Ainsi, à titre d’exemple, la mise au jour de peintures médiévales peut faire disparaitre plusieurs couches d'enduits d'époque différentes ; et la reprise d’une maçonnerie ruinée peut effacer les traces d’éléments architecturaux anciens (baies, cheminée, etc.). À cela peut s’ajouter des reprises en sous-œuvre ou des terrassement, nécessaires à l'assainissement et la stabilisation des édifices.
L'intervention d'un archéologue permet donc de documenter et d'analyser les sites avant leur destruction par des travaux. Cette étape autorise la collecte de précieuses informations sur notre passé, menant de fait à une meilleure compréhension de notre patrimoine. C'est le principe de la sauvegarde par l'étude.
Les prescriptions du Service Régional d'Archéologie
Les dossiers d'autorisation de travaux (déclaration préalable, permis de construire, etc.) sont examinés systématiquement par le Service Régional d'Archéologie (SRA). Si l’emprise au sol ou le bâti concerné par l’aménagement laissent entrevoir une suspicion de vestiges archéologiques, ce service peut alors émettre des prescriptions par la voie d'un arrêté préfectoral.
Ces prescriptions peuvent prendre différentes formes :
Le suivi
Dans le cadre d’un risque destructif mesuré, le SRA demande à la cellule d'archéologie du Département du Lot d'effectuer un suivi lors des travaux. Cela fait partie des missions déléguées de la Cellule départementale d’archéologie, à savoir la veille territoriale. Un archéologue vient observer ponctuellement le déroulé des travaux afin de repérer d'éventuels vestiges archéologiques. Ce suivi est réalisé à titre gracieux par le Département.
Le diagnostic
Sur prescription du SRA, la cellule d'archéologie du Département du Lot intervient rapidement (en moyenne dans les 3 à 5 mois suivant la prescription). Le diagnostic « classique », c’est-à-dire sédimentaire, vise à sonder le terrain, par le biais de tranchées réalisées régulièrement sur environ 10% de l’emprise, afin d’étudier la nature du sous-sol et d’identifier d’éventuels vestiges. Dans le cadre d’un diagnostic du bâti, le principe est le même, avec la réalisation de sondages muraux (enlèvement d’enduit par exemple) pour retrouver les traces architecturales ou décoratives relevant de l’évolution de l’édifice. Cette étape fait l’objet d’un rapport détaillé soumis à l’État dans les trois mois suivant la fin de l’opération.
La fouille préventive
Après le diagnostic, le SRA évalue l’intérêt des vestiges et le potentiel destructif de l’aménagement sur ces derniers en se basant sur le rapport fourni par la Cellule départementale d’archéologie. En fonction, une fouille préventive ouverte à la concurrence peut être prescrite par le SRA, qui rédige un cahier des charges précis. Il peut s'agir d'une fouille "classique" du sous-sol, dite fouille sédimentaire, mais aussi d'archéologie du bâti. À l'aide du cahier des charges fourni par le SRA, le propriétaire de l'édifice peut consulter divers opérateurs d’archéologie préventive (publics ou privés), qui doivent fournir une offre et présenter un dossier scientifique. La décision du choix de l’opérateur pour réaliser les fouilles préventives revient au propriétaire, après validation du projet scientifique du candidat par le SRA. Le coût de la fouille est alors à la charge du propriétaire.
En concertation avec le SRA, il est toujours possible de modifier votre projet afin d'avoir un impact moindre sur les vestiges archéologiques. Dans ce cas, la prescription d'archéologie préventive - et donc le coût - peut être revue à la baisse, voire annulée.
Vous n'avez pas reçu de prescriptions du SRA mais vous présentez un intérêt archéologique à l'occasion de travaux de restauration ? Vous pouvez nous en faire par via le formulaire de contact, motif "Archéologie : découvertes fortuites".
Elsa Labbé-Lavigne et Etienne Lallau, 2025