Les amphibiens dans le Lot
Le Sonneur à ventre jaune
Le Sonneur à ventre jaune est un petit crapaud si discret que bien souvent, lorsqu’il est présent sur un site, même les spécialistes ne le détectent pas à tous les coups !
Cette espèce protégée est en régression en Europe, et plus particulièrement en France dans de nombreuses régions. En 2012, un plan national d’actions (PNA) a été lancé pour faire face au déclin constaté de l’espèce.
En Ex-Midi-Pyrénées, le Lot est le seul département où l’espèce est connue. Le territoire a donc une responsabilité dans le maintien de ses habitats.
Sonneur à ventre jaune dans son milieu naturel
Ventre tâcheté du Sonneur à ventre jaune
Description
Il s’agit d’un petit crapaud de 4 à 5 cm de long avec un dos gris brun, un ventre jaune vif tacheté de noir. Cette ornementation ventrale est spécifique à chaque individu comme une empreinte digitale chez l’homme. Un autre critère permettant son identification est la forme de ses pupilles, s’approchant d’un cœur.
L’absence de sac vocal n’empêche pas le mâle d’émettre son chant d’amour : de petits gémissements étouffés et plaintifs, à l’origine de son nom de Sonneur. Son chant doux et légèrement trainant s’apparente à un «houhou...» flûté. Il n’est pas audible à plus d’une dizaine de mètres.
Ecouter le chant du Sonneur à ventre jaune
Habitat
Le Sonneur à ventre jaune affectionne les petits points d’eau stagnante, souvent temporaires et bien ensoleillés (flaques, ornières, mares, fossés, abreuvoirs), situés en milieu bocager ou forestier. Mais on peut aussi le rencontrer dans certains bras morts, sources et tourbières.
Dans le département du Lot, la présence du sonneur est tout particulièrement liée aux petites sources et suintements sortant directement du sol : engorgements en rupture de pente, fonds de prairies humides au moins une partie de l’année, sources créant une petite zone humide associée, ou des prairies modérément piétinées par des bovins (dans les abreuvoirs, petites mares, les empreintes d’animaux), parfois des ornières de tracteurs ou des flaques...
Assez souvent en cours ou fin d’été, se produit un assèchement partiel ou total des eaux peu profondes, laissant place à des surfaces plus ou moins vaseuses. Le sonneur est globalement bien adapté à ce phénomène annuel qui présente l’avantage d’empêcher l’installation d’espèces concurrentes ou de prédateurs comme les poissons. Il est néanmoins sensible aux assèchements précoces qui peuvent entraîner la mort d’une partie plus ou moins importante des têtards.
Reproduction
Les accouplements s’observent d’avril à août. Les femelles peuvent pondre plusieurs fois dans l’été après un seul accouplement : il s’agit d’une ponte fractionnée permettant de s’adapter aux conditions environnantes :
Sur les sites de points d’eau temporaires, on peut observer plusieurs pics de pontes déclenchés par de fortes pluies. Cette stratégie permet de limiter le taux de mortalité des têtards, lié à l’assèchement périodique des points d’eau.
La ponte est fixée sur des plantes aquatiques. L’éclosion s’opère au bout d’une semaine ; la métamorphose prendra entre 1 et 4 mois.
La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 2 ans.
Reprodution du Sonneur à ventre jaune
Têtard de Sonneur à ventre jaune
Comportement et régime alimentaire
En dehors de la période hivernale, le Sonneur à ventre jaune est généralement actif de jour comme de nuit. Il peut s’observer seul ou en groupe, le plus souvent dans l’eau ou à son voisinage immédiat.
Lorsqu’il se sent menacé, il se retourne sur le dos en se cambrant, exhibant ainsi la coloration jaune vif de sa face ventrale ; la mise en garde contre d’éventuels prédateurs est claire : « Danger : je suis toxique ! ».
Son régime alimentaire se compose d’insectes et de larves, de vers, de petits mollusques aquatiques et terrestres.
L’hivernage, d’octobre-novembre à mars-avril, s’effectue dans un abri terrestre, à proximité des sites de reproduction (généralement moins de 200 mètres).
Son espérance de vie moyenne est estimée à 10 ans.
Menaces
Le drainage des zones marécageuses, la canalisation ou le captage de sources, l’installation d’abreuvoirs à pompe, le creusement d’étangs ou de grandes mares... sont fatals pour le sonneur. Partout où de tels travaux ont été réalisés, ils ont entraîné sa disparition. Dans le Lot, un abandon de l’élevage dans des parcelles humides au profit d’une plantation d’arbres (par exemple peupliers) serait assez rapidement néfaste au sonneur et le ferait disparaître en quelques années.
Tout aussi néfaste, une pollution diffuse et une eutrophisation de l’eau peuvent avoir des conséquences mortelles sur l’espèce, même en amont ou loin d’une zone de reproduction